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La saison rouge
Actes Sud, 2008
Qatan, un pays arabe fictif. Dans l’univers carcéral de sa maison promise à la démolition, Elisa, une jeune Européenne délaissée par son mari, isolée avec son fils, devient folle de solitude.
Huis clos oppressant avec, pour seul interlocuteur, Pascual, le serviteur philippin, tandis qu’un étrange jardinier yéménite épie du haut des palmiers.
Des jours, des semaines à attendre, à se consumer de jalousie, sans nouvelles de Hatem, l’époux insaisissable parti en voyage d’affaires en Europe. Mais peut-être n’a-t-il pas quitté la ville… car le riche royaume de Qatan est un piège, un tyrannique pays de la nuit, où les hommes peuvent du jour au lendemain disparaître.
Au milieu du champ de ruines de son attente interminable, les réminiscences de l’année nubile, de l’ivresse du départ vers l’Orient, de l’amour fou, reviennent hanter Elisa.
Dans une écriture où la sensualité lyrique cède progressivement le pas à un ton sobre, parfois cruel, Carine Fernandez nous donne un roman implacable, comme une tragédie. La Saison rouge est certes une fiction – mais le désespoir, la solitude, l’effroi qui gonflent les pages ont la puissance que seul a pu insuffler le réel. Et si ces “démons et captifs” ont toutes les chances de s’inscrire sur les rétines de la mémoire, on aura surtout du mal à oublier cette femme traquée, l’étrangère sans voile, isolée dans sa maison des sables, jusqu’à la folie.